Dernière modification : 26 septembre 2023 à 10:40 am
Le cadre historique
La galerie des anciens Élèves, de 1948 à 2022
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De 1847 à 1946
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De 1946 à 1955
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De 1955 à 1982
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De 1982 à 1989
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De 1989 à 1995
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De 1995 à 2015
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De 2016 à ce jour
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2023
L’ÉCOLE des ENFANTS MALADES ou l’ancrage de la gymnastique, du massage et de la kinésithérapie
Depuis le début du 19ème siècle des médecins, des militaires et des gymnastes cherchent à développer et à démontrer le rôle de l’exercice physique appliqué aux organes de l’homme. Les médecins imposent des conditions pour que la gymnastique se pare de connotations médico-scientifiques. La volonté de contrôle des formes de gymnastique place le médecin en qualité de maître d’œuvre d’un marché en voie de développement. Des médecins orthopédistes et leurs entreprises sont à l’initiative de la diffusion d’une gymnastique thérapeutique médicale pour les troubles de la motricité et d’une gymnastique orthopédique destinée aux déviations vertébrales et autres malformations et difformités.
Dès 1847, médecins et chirurgiens de l’Hôpital des Enfants (malades) sollicitent l’organisation de leçons de gymnastique pour les enfants hospitalisés.
Le Conseil Général des Hôpitaux charge Alexandre-Napoléon LAISNE de la direction provisoire de ce gymnase. Militaire, il est par ailleurs professeur de gymnastique de l'École Polytechnique, du lycée Louis Le Grand et directeur des gymnases des lycées de Paris. Il peut ainsi être considéré comme le premier kinésithérapeute.
On soumet des affections nerveuses comme la chorée, la danse de Saint Guy à la gymnastique que l’on combine avec les massages et les frictions. Un rapport sur le traitement de la chorée par la gymnastique est présenté à l’Académie de médecine par le Dr Germain SÉE le 10 avril 1855. Pour la première fois, un médecin des hôpitaux de Paris, spécialiste des maladies de l’enfant, présente la méthode qui guérit des affections neurologiques et comprend des séries d’exercices, des mouvements actifs, passifs, du massage et des frictions, montrant ainsi les rapports étroits et indissociables entre la gymnastique et le massage.
C’est aussi dans cet hôpital que le massage mobilise le Dr Jacques ESTRADÈRE qui en fera sa thèse inaugurale soutenue en 1863 à Paris. Elle constitue une confirmation de l’ancrage du procédé et une tentative de systématisation de la pratique. Cette thèse est le premier ouvrage qui parût dans la littérature française et étrangère sur l’ensemble des manœuvres auxquelles on donne le nom de massage. Elle sera rééditée en 1884.
Le Dr ESTRADERE soutient sa thèse devant les mêmes membres de jury que celui pour le Dr Gustave CHANCEREL, auteur d’une thèse sur l’histoire de la gymnastique médicale la même année. Ces deux thèses sont réalisées dans le service du Dr Sauveur-Henri-Victor BOUVIER, chef de service à l’Hôpital des Enfants malades, fondateur de l’orthopédie médicale. Ces deux importants travaux montrent que la science orthopédique s’appuie sur ces deux techniques. L’hôpital des Enfants malades est ainsi le lieu d’ancrage de la kinésithérapie où l’on a associé les pratiques de massage et de gymnastique médicale.
Dans la mouvance du mouvement hygiéniste, on assiste à la renaissance des thérapeutiques de l’antiquité : éducation physique, sports, pratiques thermales et hydrothérapiques, massage, épanouissement des gymnastiques (pédagogique, médicale, militaire…). Ces pratiques sont complétées d’une nouvelle méthode : la kinésithérapie (1847), terme créé par le gymnaste suédois August GEORGII pour désigner le traitement des maladies par la méthode de Pehr Henrik LING dénommée « méthode suédoise ». Ces nouvelles méthodes représentent une partie importante de la médecine curative.
Dès 1890, sous l’impulsion du praticien expérimentateur, le Dr Louis Alexandre De SAINT-GERMAIN, chirurgien des Enfants malades et du théoricien, le Professeur Edouard KIRMISSON premier titulaire de la Chaire de clinique chirurgicale des maladies de l’enfant (1901) « la gymnastique associée au massage et à l’hydrothérapie devient le traitement par excellence des déformations vertébrales », les principes sont donnés et vont constituer l’ancrage de la gymnastique orthopédique jusqu’à nos jours.
La Kinésithérapie
La genèse de la kinésithérapie s’étend entre des dates symboliques des leçons du Dr Georges DUJARDIN-BEAUMETZ sur l’Hygiène thérapeutique à l’Hôpital Cochin en 1887, à la Guerre de 1914-1918 et à ses conséquences qui place l’Etat dans une dynamique de prise en compte des blessés de guerre. Le service de santé des armées va, dans les régions militaires, ouvrir 93 centres de mécanothérapie, de physiothérapie ou de kinésithérapie. Ces centres accueillent les blessés pour leur rééducation. On y applique les agents physiques qui participent à leur récupération.
La kinésithérapie s’inscrit à un moment capital de la consolidation du champ médical où l’art de guérir doit répondre à des besoins sociétaux de soins efficaces, pour justifier l’exclusivité de la distribution des soins (Loi sur l’exercice médical 1892).
L’articulation des trois modèles de médecine, hygiénique, expérimentale et anatomo-clinique va favoriser l’émergence d’une médecine thérapeutique c’est-à-dire la partie de la médecine qui étudie et met en application les moyens propres à guérir et à soulager les malades.
C’est dans ce contexte que pénètre progressivement dans le champ médical l’application du mouvement à la thérapeutique, massage et gymnastique médicale, présentant l’avantage sur les autres agents (chimiques et physiques) de ne rien faire ingérer aux malades. L’art de guérir met en jeu des processus sociaux complexes et met en scène des pratiques populaires, apparemment séculaires les manipulations, le reboutement, le magnétisme, le massage, l’orthopédie, assurées en grande partie par des guérisseurs des aides des médecins ou de bonnes volontés, voire des médecins déclassés.
La kinésithérapie va mobiliser des promoteurs du massage et de la gymnastique médicale qui se regroupent dans une nouvelle société savante : la société de kinésithérapie en 1900. Les professeurs Jules-Etienne MAREY et Just LUCAS-CHAMPIONNIERE vont en assurer la présidence. Le monde médical et l’université vont s’investir alors dans la physiothérapie c’est-à-dire l’application des agents physiques (air, eau, électricité, mouvement) en thérapeutique. La faculté de médecine organise des congrès nationaux et internationaux sur le traitement des maladies par la physiothérapie.
La guerre de 14 interrompra définitivement ces congrès ; elle montre l’indispensable présence de masseurs pour le traitement des blessés. La pénurie de ces praticiens va entraîner la création sur le tas d’écoles de massages. On demande aux réformés, aux soldats versés dans le service auxiliaire, aux infirmiers d’apprendre en quelques semaines le massage. Des médecins sont formés à la physiothérapie à l’Hôpital du Val de Grâce ainsi que des masseurs.
Le diplôme d’infirmière en 1922 va entraîner les directeurs des écoles de massage, il en existe quatre, à solliciter un diplôme dans la mouvance de la certification des infirmières. On assiste alors à la création d’un diplôme d’infirmier masseur et un autre de masseur aveugle.
En 1943, le régime de Vichy crée un diplôme de masseur médical qui offre aux masseurs un statut légal. Le gouvernement provisoire de 1946 va réunir les masseurs et les gymnastes médicaux dans un même diplôme, le diplôme de masseur kinésithérapeute, le 30 avril 1946.
Le premier Cours Complémentaire de Gymnastique médicale et de rééducation fonctionnelle
C'est au Professeur Jacques LEVEUF, titulaire de la Chaire de clinique chirurgicale et Orthopédie de la Faculté de Médecine de Paris, que l'on doit la création d'un projet d’un « Institut de kinésithérapie » abandonné en 1950 et remplacé par un enseignement désigné sous le nom de « Cours complémentaire de gymnastique médicale et de Rééducation fonctionnelle ». Ce cours s'adresse aux médecins désireux d'acquérir une compétence particulière en matière de gymnastique médicale et de rééducation fonctionnelle, disciplines qui n'avaient pas encore reçu la consécration qui est la leur actuellement (CES de médecine physique et de réadaptation).
Le Professeur Marcel FEVRE, son successeur poursuit l’action entreprise. L’enseignement est alors dispensé sous la responsabilité de ses créateurs dans le cadre de la Clinique chirurgicale Infantile de l’Hôpital des Enfants Malades.
La Loi du 30 avril 1946 crée le Diplôme d’Etat ainsi que le Conseil Supérieur de la kinésithérapie.
Parmi les neuf médecins spécialisés en massage et en gymnastique médicale nommés membres de ce premier conseil, figurent outre le professeur FEVRE, quatre autres enseignants du cours de gymnastique médicale les docteurs Pol Le COEUR, LANCE, Allyre-Alice TRIBOULET-CHASSEVANT et Bernard DUHAMEL, c'est dire le rôle déterminant reconnu à cette équipe dans l’enseignement et la pratique de la kinésithérapie.
Le 3 octobre 1946, le Cours de Kinésithérapie de la Clinique Chirurgicale Infantile et Orthopédie de la Faculté de Médecine de Paris reçoit l'agrément du Ministre de la Santé Publique en vue de la préparation au Diplôme d'Etat de Masseur-kinésithérapeute.
De 1947 à 1954, 537 élèves ayant suivi ce cours obtiennent leur diplôme et celui délivré par le cours. Les promotions passèrent de 41 élèves en 1947 à 99 en 1954.... A cette date, le Ministre de l'Education Nationale ayant fait connaître à la Faculté de Médecine qu'il ne lui appartenait pas de gérer un cours de kinésithérapie dépendant de l’université, le cours prend la dénomination de « Cours de Gymnastique Médicale et de Rééducation Fonctionnelle ».
La discipline principale enseignée est la gymnastique sous ses différentes formes, de maintien, médicale, analytique, corrective, orthopédique et l’hébertisme. Les méthodes sont inspirées de la gymnastique suédoise (Pehr Henrik LING), adaptée par le Pr. Edouard KIRMISSON, Mme Marie NAGEOTTE WILBOUCHEWITCH, puis Mme Allyre-AliceTRIBOULET-CHASSEVANT et Mme Yvonne LEGRAND-LAMBLING.
Le cours va bénéficier de l’engagement et des compétences de Roger TOULON, professeur d’éducation physique, gymnaste médical, docteur en gymnastique qui va donner au Cours et à tous les élèves une solide formation en gymnastique reconnue par tous médecins et chirurgiens. Un polycopié décrit la méthode de gymnastique analytique basée sur une recherche biomécanique qui prend en compte le rachis dans son ensemble, évaluée par des tests reproductibles. Cette approche aujourd’hui réduite au souvenir est toujours une base essentielle de la rééducation des attitudes ou déformations du rachis, socle de la rééducation fonctionnelle.
Le Cours de Gymnastique Médicale et de Rééducation Fonctionnelle (CGMRF)
Une association, régie par les dispositions de la Loi du 1er Juillet 1901, est créée en vue de poursuivre les actions de formation. La présidence en est confiée statutairement au Doyen de la Faculté de Médecine de Paris et la direction générale au titulaire de la Chaire de Clinique chirurgicale et Orthopédie. Des succursales sont ouvertes à Alger et à Beyrouth sous l’impulsion du Dr Jacques HINDERMEYER. En 1955, s’ouvre la première école d’Ergothérapie dont le diplôme officiel sera reconnu par l’Etat en 1970. Cet enseignement est assuré depuis 1984 par une nouvelle association indépendante (ADERE).
Pendant 20 ans, Mme REMOND, en qualité de monitrice générale, dirige le Cours, c’est une ancienne infirmière qui a participé à la guerre de 14/18. A son départ, la section kinésithérapie est confiée à Mlle Michèle LACOTE et M. Robert ACCARD, la section ergothérapique à Mlle CASENAVE puis à M. LECOMTE.
Les promoteurs du Cours de Gymnastique Médicale :
- Présidents, directeurs généraux et administrateurs
- Pr Jacques LEVEUF, Professeur de Clinique chirurgicale infantile et orthopédie (créateur du cours 1942-1948),
- Pr Léon BINET (président 1955), Doyen de la Faculté de médecine de l’Université de Paris, Membre de l’Institut,
- Pr Georges BROUET (président 1960), Doyen de la Faculté de médecine de Paris,
- Pr Marcel FEVRE, Professeur de Clinique chirurgicale infantile et orthopédie,
- Pr Jean FREZAL (président), Doyen de la Faculté de médecine Necker Enfants malades.
Le 23 mars 1982, l’Association prend le nom d’ASSOCIATION pour le DÉVELOPPEMENT et la RECHERCHE en RÉÉDUCATION FONCTIONNELLE (ADERF).
La Faculté de Médecine de Paris ayant disparu en tant que telle, c'est le Professeur de Clinique chirurgicale pédiatrique de l’UFR Necker enfants Malades, le Professeur Denys PELLERIN, qui prend en charge la présidence, le Doyen de cette U.F.R. la vice-présidence, il sera le dernier Professeur de médecine, directeur de l’école 1970 à 1983. En dehors de ses charges hospitalières et universitaires, il a, à plusieurs reprises assuré la fonction de Conseiller auprès des ministres de la santé : Michel PONIATOWSKI, Michèle BARZACH et Jean-Pierre SOISSON.
Denys PELLERIN a été nommé en novembre 1996 par le Président de la République membre du Comité consultatif national d'éthique pour les sciences de la vie et de la santé, renouvelé en 2000. Ancien président et membre de l’Académie nationale de chirurgie, il a été Président de l’Académie nationale de médecine en 2006. Il est commandeur de la Légion d’Honneur.
Denys PELLERIN, dans le cadre d’une réorganisation de l’école, nomme Jacques MONET, directeur en remplacement de Melle Michèle LACOTE en juillet 1983.
Une nouvelle modification des statuts est adoptée le 26 Août 1985. A la lumière de l'expérience, il était apparu que la situation résultant de l'étroite imbrication de l'Ecole, de la Clinique Chirurgicale Infantile et de l'Hôpital des Enfants Malades, pouvait être génératrice de confusions et qu'ainsi une clarification s'imposait.
En 1985 Bernard BILLAUD a succédé au Professeur Denys PELLERIN. Il venait d’occuper successivement la fonction de Directeur du cabinet du maire de Paris, Jacques CHIRAC, puis de Directeur Général des relations internationales de la ville de PARIS : il était conseiller référendaire à la Cour des comptes.
Il fut ensuite Commissaire Général de la langue française et est actuellement Commandeur de la Légion d’honneur et Conseiller maître honoraire de la Cour des comptes. Bernard BILLAUD, est régulièrement élu président de l’association depuis 1985.
L'Hôpital International de l'Université de Paris
L’école quitte l’hôpital des Enfants malades en 1989 non sans regret, depuis 1847 l’hôpital avait été le promoteur des pratiques de kinésithérapie, pour celui de l’hôpital International de l'Université de Paris qui l’accueille dans des locaux que l’ADERF aménage.
Mais, hélas quelques années plus tard la Mutualité Fonction Publique, nouveau propriétaire de l’hôpital impose à l’école un nouveau déménagement en 1995 dans des locaux actuellement appartenant à Paris-Habitat de la Ville de Paris, au 107 rue de Reuilly dans les 12ème arrondissement.
L’école est contrainte de quitter le 14ème arrondissement qui bénéficiait des installations de la cité universitaire installations sportives, environnement intellectuel, son restaurant universitaire, et ses moyens de communication.
L’école déménage rue de Reuilly dans des locaux appartenant à AXA, après une procédure longue avec la Mutualité Fonction Publique participe au financement du déménagement et de sa nouvelle installation (1257 m2 en rez de jardin) mais l’école part son environnement de la Cité universitaire mais elle est située à proximité des grands hôpitaux de l’Est parisien.
Parmi les membres du nouveau Comité Directeur figurent des médecins spécialistes de grande réputation; outre le Pr Denys PELLERIN, ancien Président, Guy DESMONTS kinésithérapeute, ancien enseignant au CGMRF, le Pr André APOIL, Chef du Service de Chirurgie orthopédique du C.H.U. Saint-Antoine, Le Pr Bernard AUGEREAU, le Pr Pierre RIGAULT, le Pr Philippe MOINET, le Dr Jean-Michel CARCOPINO, Chirurgien des Hôpitaux, le Pr Levon DOURSOUNIAN, Chef du Service de Chirurgie orthopédique de l'hôpital Saint Antoine et le Dr Michel COLLIN chirurgien orthopédiste et ancien professeur de biomécanique à l’Ecole Centrale de Paris. La gestion de l’Association est renforcée par la présence de personnalités du monde des affaires et professionnel : Patrick POULAIN, Administrateur de société, François DUCROS, Président du conseil de l'Ordre des masseurs-kinésithérapeutes d'Alsace.
Le Président BILLAUD souhaite assurer l’avenir de l’école et la pérennité de l’association. Dès 2010, il présente un de ses collègues de la Cour, un jeune conseiller référendaire qui doit assurer, à terme, sa succession, aussi. Conformément aux statuts, l’ADERF se dote d’un deuxième vice-président. Il s’agit de Jean-Louis SCIACALUGA qui sera élu président.
L’école reprend ses marques, réinstalle les différentes salles de travaux pratiques, obtient l’agrément de la préfecture et applique le nouveau programme des études de 1989. L’école se rapproche alors de l’Université Pierre et Marie Curie pour partager la sélection de ses étudiants de 1ère année avec le concours. Elle est la première école en Ile-de-France à avoir passé convention avec une université. Compte tenu de ce conventionnement, le comité directeur décide de fermer son année préparatoire.
Cet engagement universitaire de la sélection va s’étendre sur les universités Paris Descartes et Versailles-Saint Quentin mais l’école conserve un petit quota réservé aux candidats du concours. L’école participe à de nombreuses manifestations professionnels, externalise quelques enseignements, poursuit ses différents séminaires, notamment celui de Saint Malo et organise de façon régulière les conférences et débats à destination des enseignants et des collègues des autres écoles.
Réingénierie de la formation
La réingénierie met en place la nouvelle réforme des études qui s’étalent sur quatre ans et qui impose une sélection universitaire que l’école avait anticipée.
Le processus de Bologne (LMD) s’impose à toutes les écoles, et, dans les mois à venir, une convention qui sera signée avec une université, elle prendra en charge certains enseignements universitaires.